À présent, le grexit n’est plus le principal enjeu pour les investisseurs en Europe..
C’est plutôt le fait de savoir si les marchés le tiennent pour acquis, si cela est dans les cours, si c’est « pricé » ?!

Si la sortie de la Grèce de la Zone Euro est déjà prise en compte par les marchés, tout va bien.
Les marchés ne devraient pas baisser le cas échéant.

Par contre, si les marchés pensent qu’un accord à toutes les chances d’être trouvé, et que la Grèce quitte la monnaie unique, ils risquent d’être bien déçus.

Pour tenter de savoir ce que pense les autres investisseurs, il faut lire ce qu’écrivent les gérants, les sociétés de gestion, banques et leurs économistes, sachant que ce sont eux qui ont le plus d’influence sur les marchés au travers des capitaux qu’ils décident d’investir ou non.

Finalement, malgré mes heures de lectures, je ne suis guère avancé sur le sujet.
Certains excluent tout grexit malgré la gravité de la situation, tandis que d’autres l’envisagent avec une probabilité de 65 %, 70 %.
Je pourrais comptabiliser et même pondérer leurs prédictions, mais j’en tirerais difficilement un consensus.
Les avis des professionnels sont tout simplement trop divergents.

Néanmoins, une idée émerge ça et là chez certains intervenants : le grexit ne serait pas si grave.
Cela rejoint ce que j’écrivais ces derniers jours.
Par contre, personne ne prend l’initiative de raconter que le grexit couperait l’herbe sous les pieds des partis extrémistes d’autres pays espérant suivre le chemin ouvert par Syziza.
Ceux qui gèrent l’argent des autres évitent autant que possible les propos trop politisés.

Donc, le grexit pourrait être une bonne chose pour les marchés.
Ce serait aussi une bonne chose pour l’Europe libérale, opposante naturelle à l’extrême gauche.
Enfin, j’ai même lu le Stratégiste Cross asset de Kepler Cheuvreux, Jean-Gabriel Attali, qui envisage le fait que ce serait une bonne chose pour la Grèce « après une année particulièrement difficile », tout de même.
Je pense que là, il pousse le bouchon un peu loin !

Si l’on adhère à ce genre d’idées, le grexit serait « pricé », c’est à dire intégré dans les cours actuels et même peut-être au-delà, sachant qu’il pourrait être la meilleure option qu’il soit ! Encore meilleure qu’un accord avec les créanciers.

Dernière remarque : si le grexit se produisait, on pense que dans tous les cas une forte volatilité viendrait s’installer sur les marchés craignant avant tout l’inconnu généré par la chose.
Néanmoins, personne ne sifflerait la fin de la partie pour les grecs.
Certes, la BCE arrêterait de fournir des liquidités du jour au lendemain, en coupant l’ELA, ce qui mettraient les banques grecques en faillites, mais il existerait toujours l’attente d’un nouveau revirement comme on en vit depuis des mois.
Par ailleurs, la faillite de ses banques n’impliquerait pas une immédiate sortie de l’euro.
L’économie grecque pourrait bien continuer à tourner au ralenti et échanger des créances et des bons ayant valeur de monnaie et ceci en euros, comme elle commence déjà à le faire.
La Grèce pourrait aussi décider unilatéralement de continuer à utiliser l’euro.
Son voisin le Monténégro fait bien de la sorte depuis 2002.
Enfin, rien n’obligerait l’État grecque à se déclarer en faillite, le qualificatif de « retard de paiement » est suffisant pour la Grèce comme pour ses créanciers.
Le suspense pourrait donc durer encore longtemps.
Et ce serait l’évanouissement de l’espoir d’un accord qui acterait le grexit et non les déclarations de dirigeants.
En effet, depuis janvier dernier, on a finit par s’habituer aux discours violents et à l’intimidation de l’adversaire.
On apporte donc de moins en moins de caution aux paroles des politiques, en tout cas, on ne les prend plus au premier degré.
Attendant un énième rebondissement, le grexit ne serait acquis par les investisseurs que progressivement.
Ce qui atténuerait la panique que l’on rencontre, par exemple, lors de la faillite d’une banque.
N’est-ce pas d’ailleurs, ce qu’il se passe déjà ?