Pour investir sur les marchés financiers, il faut se forger un scénario et éviter d’y déroger à cause de raisons extérieures aux marchés : plus ou moins-values acquises, pollution d’informations de faible qualité, volatilité et manipulation des cours…

Et le mien est forgé depuis début août : baisse jusqu’à mi-octobre.

On pourrait avancer un objectif de baisse : 2 500 pts sur le CAC, comme le consensus d’analyses techniques, voir beaucoup plus bas, comme certains le suggèrent ; mais selon moi, c’est surtout le timing qui importe.

En effet, sous 3 000 points, c’est terra incognita. Les marchés ne sont plus du tout gouvernés par le calcul (les PER des entreprises), mais par la psychologie. Les sentiments des investisseurs se construisent sur un avenir parfaitement sombre.

Pourquoi mi-octobre ?

C’est a priori mi-octobre que sera annoncé le défaut de la Grèce (ou du moins une décote réaliste de la valeur des obligations grèques).

En effet, pour l’instant les experts de la Troïka (UE, FMI, BCE) qui avaient quitté subitement la table des négociations le 5 septembre dernier, précisent par la voix du commissaire européen en charge, qu’aucune aide ne pourra être versée avant mi-octobre.

Et encore, il ne s’agit que de débloquer la 6ème tranche d’aide du premier plan. Le plan du 21 juillet dernier n’est quant à lui pas près d’être exécuté, vue les divergences européennes entre les pays mouillés jusqu’au cou : France, Allemagne et les pays beaucoup plus vertueux : Finlande, Slovaquie, Autriche, Pays-bas.

De même, les grandes banques centrales n’approvisionneront pas les marchés en dollars avant mi-octobre, en lieu et place des américains qui, le mois dernier, ont cessés de prêter à nos banques.

Ce ne sera peut-être pas une débâcle sensationnel au point de voir se former des queues devant nos banques, car nos dirigeants vont encore tout faire pour limiter la panique !

Aussi, le spectacle se produira dans les semaines suivantes :

  • La peur régnera et détournera les investisseurs des actifs risqués : actions, matières premières…
  • Les pertes vont être enregistrées sur les comptes de nos banques et de nos assureurs.
  • Les fonds monétaires risquent d’être impactés.
  • Les produits structurés « à capital garantis », délivrés aux particuliers en masse et généralement structurés à 80% par des obligations et le reste par des options, vont entraîner des pertes colossales à nos banques et en particulier, le leader mondial : la Société Générale.
  • Les garanties couvertes par les CDS seront exercées et porteront à conséquence bien au delà de l’Europe et de sa crise grecque.
  • Tandis que ce précédent d’avoir laissé la Grèce « faire défaut » ne manquera pas d’enchérir les obligations des autres états européens, en tout cas les plus fragiles, Portugal, Irlande, Espagne, Italie…
  • Et le plus grave, comme à chaque fois, sera le resserrement du crédit et sa contagion à l’économie réelle.
  • Il ne restera plus aux banques centrales qu’à nouveau inonder le monde de monnaies fraîchement imprimées qui viendront, comme avec le QE 2 enchérir les matières premières, sans pour autant suffisamment soutenir l’économie réelle.

Il se murmure déjà que la BCE prépare un plan de 5000 Mds USD à partir d’octobre !

Pour ma part, je commence à sérieusement me demander si le défaut n’est pas la meilleure chose. Cela permettrait à l’économie de repartir sur de nouvelles base et d’accepter enfin que le monde a changer.