Ce matin, 541 élus du Bundestag ont voté un prolongement du programme des aides internationales à la Grèce jusqu’au 30 juin 2015 (32 votes contre et 13 votes blanc).
Autant dire que le Grexit (risque de voir la Grèce abandonner la monnaie unique) vient de s’éloigner rapidement.
Au delà de cette échéance à 4 mois, cet épisode nous montre à quel point le camp de l’orthodoxie européenne (l’austérité) n’a malgré tout pas envie de voir la Grèce quitter la Zone euro.
Je pense qu’avec l’élection d’un partie d’extrême gauche à sa tête, la Grèce a fait comprendre qu’elle n’avait plus grand chose à perdre.

Sinon, je ne sais pas qui des allemands ou des grecs ont cédé car dans le fond, rien n’est réglé.
Il semble que Syriza ait mis beaucoup d’eau dans son vin en renonçant à nombre de promesses électorales.
Un peu trop d’ailleurs pour 450 grecs qui ont manifesté contre le pouvoir, ce soir à Athènes.
Cependant les dirigeants grecs ne se sont engagés que sur des promesses non chiffrées, pour obtenir ce blanc-seing allemand.
On négocie pour gagner du temps et pour tirer la couverture à soi.
L’essentiel étant de ne jamais perdre la face.
C’est le jeu politique.

Maintenant, le risque se reporte sur l’Espagne avec Pedemos, l’équivalent de Syriza, le parti à présent au pouvoir en Grèce, qui nourrit de grands espoirs concernant les législatives de fin d’année.
Avant cela, la prochaine prise de température aura lieu le 22 mars aux élections régionales d’Andalousie.
À suivre…

© Kostas Koufogiorgos / Fotolia

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En attendant, ces menaces ne présagent pas de l’évolution des marchés financiers.
Dans les jours qui arrivent les euros vont commencer à couler à flot sur l’Europe.
Les effets s’en font déjà sentir car les professionnels et les investisseurs avisés ont bien compris les conséquences du QE mis en place le 22 janvier dernier par la BCE.
La BCE va racheter des obligations d’États européens et ainsi continuer à écraser leur rendement.
Les investisseurs vont mécaniquement se tourner vers les actifs plus risqués.
Cela aura l’avantage d’enfin irriguer l’économie réelle, mais aussi de faire monter les cours de ces actifs risqués.

Pour l’instant, on est dans une phase timide de hausse, bridée par les menaces électorales mentionnées ci-avant.
Mais surtout par le fait que la baisse des taux sur les obligations d’État fait monter la valeur des obligations déjà émises.
En effet quand un investisseur possédait une obligation qui lui rapportait 1 %/an et que le marché achète ces même obligation servant 0,5 %/an, mécaniquement, la valeur de l’obligation initiale double.
C’est ce qui se passe dans une proportion toute relative depuis le début de l’année.

Cependant, ce phénomène finira par s’épuiser, quand les prix des obligations se stabiliseront et même par s’inverser, quand ils prendront le chemin de la hausse avec le retour de l’inflation et de la croissance.
La sécurité offerte par ces obligations sera payée par un rendement négatif quand on parle de « taux réels » (comparé à l’inflation).
Par ailleurs, ces obligations verront leur valeur décroître au fur et à mesure que les investisseurs voudront s’en débarrasser pour de nouvelles obligations plus rémunératrices ou pour d’autres actifs plus risqués.
Ainsi, le flux financier établi des obligations vers les actions sera alors difficile à arrêter.
Il faudra attendre que les rendements obligataires se stabilisent dans l’autre sens, ce qui annoncera l’explosion de la prochaine bulle spéculative.
… Dans quelques années.