Hier, en milieu de journée, la députée pro-européenne, Jo cox, a été assassinée.
Vers 16h00, les marchés européens se retournent à la hausse pour gagner ~1 %.
Ce matin, ils prennent à nouveau 1 %.
Dans le même temps, la cote des bookmakers passe de 58 % à 68 % en faveur du maintien dans l’Europe.
À l’heure où j’écris, 16h30 CET, la cote est stable à 66 %.

Est-il raisonnable de croire que cette tragédie puisse influer sur les votes ?

La réponse est peut-être à chercher du côté de l’histoire récente : l’assassinat d’Anna Lindh.


En effet, Madame Lindh, 46 ans, était la jeune ministre des affaires étrangères suédoise, qui soutenait fermement l’adoption de l’Euro par la Suède, par voie référendaire.
Le 10 septembre 2003, quatre jours avant le vote, elle a été poignardée pour un déséquilibré mental.
L’issue du vote n’a pas été favorable à la monnaie unique et les suédois utilisent encore à ce jour leur bonne vieille Couronne suédoise.
Mais ce qui nous intéresse n’est pas le résultat, mais plutôt l’influence de ce drame.
Une enquête post-référendum analysant comment s’est formé le vote des suédois est en ligne :
http://ec.europa.eu/public_opinion/flash/fl149_fr.pdf
Avec 67 pages et de nombreux sondages, c’est plutôt fourni.
Et on y apprend entre autre que :
« 7% des votants ont déclaré avoir pris leur décision durant les derniers jours du référendum ou le jour du référendum et seulement 2% directement après l’assassinat de Madame Anna Lindh ».
2 %, ce ne serait donc pas grand-chose.
Cependant, si on regarde un peu plus en détail, on remarque que 4 % de ceux qui ont voté pour l’adoption de l’euro ont pris leur décision juste après l’assassinat et 6 % le jour même.
Du côté de ceux qui ont voté « non », c’est ~1 %, puis 3 %.
On peut analyser cela comme on veut mais l’influence ne fut peut-être pas si négligeable.
Par ailleurs, on peut aussi se demander si, de manière générale, les sondés aiment avouer être influençables.
Personnellement, je ne sais pas si j’aurais été honnête, même avec moi-même ;-)

Autre point de différence probable, avec le vote anglais de la semaine prochaine : 18 % de la population suédoise n’a pas participé au vote.
Actuellement les sondages sur le Brexit ne donne qu’une dizaine de pour-cent d’indécis.
Les anglais seraient-ils plus sûrs de leurs opinions que les suédois ?
Ou se sentiraient-ils tout simplement plus concernés par l’enjeu ?
En attendant, cela pourrait laisser penser qu’il y a peu d’indécis pour la semaine prochaine.
Néanmoins, vu l’instabilité des résultats des sondages, je ne parierai pas là-dessus.

Enfin, il faut aussi réaliser que la question posée va un peu au-delà d’une question de monnaie utilisée, de points de croissance gagnés ou perdus, ou de droits de douane.
Là, c’est une question beaucoup plus intime qui est posées aux anglais : voulez-vous vivre comme les continentaux ou préférez-vous cultiver votre insularité ?
C’est donc une question plus profonde et plus affective qu’il n’y paraît et que d’ailleurs, ne laissent présager les débats de campagne.
Je n’irai pas jusqu’à dire que la question est romantique, mais l’assassinat d’hier soir fait tout de même bien tâche sur la robe de la mariée.

Rest In Peace Jo cox